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Résumé

Les XIIe - XIIIe siècles, période d’essor économique et d’accroissement des échanges, notamment en Méditerranée, constituent à bien des égards un âge d’or des ports maritimes et fluviaux. Mais qu'est-ce qu'un port au Moyen Âge ? La question, posée à l’occasion du renouveau des recherches en histoire maritime et sur les sociétés littorales, peut sembler banale mais vise à définir les spécificités des établissements portuaires qui constituent des escales incontournables au sein des réseaux d’échanges en Méditerranée, et couvrent ainsi un large champ de spécialités. Ont été envisagés plus particulièrement dans ces recherches récentes, le choix du site géographique et l’évolution générale du paysage littoral, les liens entre terre et mer – par l’intermédiaire, parfois, d’un espace lagunaire –, mais aussi les fonctions et types d’infrastructures, les logiques d’organisation de la ville et du port au cours du temps et les modes de structuration du territoire, intégrant les préoccupations politiques et économiques des pouvoirs régionaux et extrarégionaux. Le choix d’implantation, de la confluence de cours d’eau au fond de baie, du cordon littoral à la lagune abritée, conditionne autant la lutte incessante contre l’envasement des infrastructures que la structuration de la ville en fonction de son bassin d’approvisionnement et du stockage de ses exportations.

L’espace portuaire possède une profonde valeur patrimoniale géohistorique. Le choix de fonder un port répond à des mutations profondes des sociétés et de leurs moteurs d’échange. Aigues-Mortes et son port fondés au XIIIe siècle par le roi de France Louis IX constituent un exemple emblématique de ces enjeux croisés, à la fois politiques, géographiques et économiques, qui ont conduit à la création d’une ville portuaire. 

Comprendre la disparition d’un port est une démarche tout aussi enrichissante. Elle rend compte des changements d’ordre politiques, économiques et environnementaux, auxquels les sociétés ont dû faire face et, par là-même, déployer leurs capacités d’adaptation. Ces modalités d’adaptation sont complexes (techniques, financières) et se produisent sur différentes temporalités, tantôt progressives et continues dans le temps (entretien des bassins, des aménagements portuaires…), tantôt plus ponctuelles en réponse à des événements météo-marins extrêmes. L’adaptation des sociétés littorales ne dépend pas uniquement d’aspects techniques, mais aussi de l’engagement et des ressources des pouvoirs politiques afin de soutenir des travaux d’entretien, de dragage, de réparation, de modernisation pour pérenniser l’existence du port. Toutefois, lorsque les défis s’annonçaient trop difficiles à relever (premières manifestations du Petit Âge Glaciaire, concurrence, guerre), l’abandon du port pouvait s’imposer, révélant ainsi les limites de l’adaptation des sociétés littorales aux changements environnementaux, mais aussi sociaux et politiques, alors à l’œuvre. 

Cette rencontre entend réunir des historiens, géohistoriens et géoarchéologues, spécialistes des sources textuelles, cartographiques, autant que matérielles issues de l’archéologie et de la géomorphologie, afin de confronter les approches et de tirer des enseignements de ces regards croisés sur les changements sociétaux et environnementaux de la période médiévale qui ont touché les sociétés littorales et les établissements portuaires. Les questionnements portant sur le cas spécifique d’Aigues-Mortes trouveront peut-être un écho dans le cas d’autres sites méditerranéens actuellement étudiés, soulevant des analogies ou des situations contradictoires susceptibles d’apporter des éléments de réponse. Ces regards croisés permettront d’apprécier les singularités d'un port, son degré de développement et ses évolutions, ainsi que de l'appréhender à différentes échelles spatiales et temporelles.

Topics

  • Le contexte géographique de l’implantation du port maritime et/ou fluvial médiéval
  • Les fonctions et les infrastructures portuaires
  • Bassin d’approvisionnement maritime et/ou fluvial du port
  • Les relations ville/port/avant-port
  • La délimitation d’une « zone » portuaire (mouillage au large, escales de déchargement)
  • Les réseaux et les dynamiques portuaires
  • Changements côtiers et pérennisation de la structure portuaire 
  • L’adaptation des sociétés portuaires aux évènements paroxystiques
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